Au Sénégal, la finance islamique a connu son évolution à la faveur de la mise en place d’une batterie de textes réglementaires nationaux et communautaires. L’on a assisté, depuis plusieurs années, à la création d’institutions bancaires dédiées et à l’élaboration de stratégies visant à faire de la finance islamique un véritable levier de financement et d’accompagnement des politiques publiques et des projets des acteurs de l’économie (secteur privé, investisseurs, États). Ce dispositif est renforcé récemment par l’adoption d’autres instruments comme la microfinance islamique qui tire sa source de l’économie islamique. La microfinance islamique est définie comme un système financier construit autour d’une conjugaison entre l’économie, l’éthique et le droit musulman des affaires commerciales.
Le terme finance islamique fait référence aux transactions et aux produits financiers conformes aux principes de la Sharia. Il s’agit, notamment de l’interdiction de l’intérêt, de l’incertitude, de la spéculation, d’investir dans des secteurs considérés comme illicites (alcool, tabac, paris sur les jeux, etc.).
La microfinance islamique a connu, ces dernières années, un développement considérable pour deux raisons : la première est la conséquence des dérives de la microfinance classique, et la seconde résulte des principes et des produits qui sont adaptés aux besoins de la population. À l’image des autres institutions de la microfinance classique, la microfinance islamique offre une diversité de produits respectant les principes édictés par la Sharia et répondant aux aspirations des populations. Parmi ces produits, on peut citer :
MOUDARABA : Un contrat par lequel l’Institution de Microfinance Islamique apporte l’ensemble des capitaux nécessaires au financement du projet (capital financier) et le client pour sa part apporte son savoir-faire (capital humain).
IJARA : Un contrat de location qui peut être assorti, à la fin de la période, d’un transfert de l’actif au locataire.
MOUCHARAKA : Un contrat par lequel l’Institution de Microfinance Islamique et le client participent à la gestion de l’affaire moyennant une répartition des pertes ou profits réalisés dans les proportions convenues d’avance.
MOURABAHA : Opération par laquelle l’Institution de Microfinance Islamique (IMFI) achète avec un bien en son nom, puis le revend au client avec une marge bénéficiaire mais dont le remboursement est échelonné. Ce type de financement est idéal pour l’acquisition d’un bien.
Conformément à sa mission de se positionner comme une institution de financement alternatif numérique crédible dans les zones rurales, périurbaines et urbaines, Al Rahma, la filiale de la BNDE dédiée à la microfinance islamique, révolutionne, aujourd’hui, l’offre de produits de microfinance islamiques au Sénégal. Grâce à son approche innovante, l’institution entend faire de la microfinance islamique une réalité et jouer un rôle de premier plan dans la promotion et la vulgarisation de l’inclusion financière.
Au Sénégal, le marché de la microfinance islamique affiche de belles perspectives au regard des initiatives entreprises par certaines institutions compétentes. L’on peut citer la mise en place du Programme National de Développement de la Microfinance Islamique au Sénégal (PROMISE), est initié par l’Etat du Sénégal, avec le soutien financier de la Banque Islamique de Développement (BID) ; l’adoption, le 11 février 2025, les projets de Loi portant réglementation bancaire et de la microfinance avec un accent particulier sur la microfinance islamique. A cela s’ajoute les réflexions entamées par la BCEAO pour doter l’UMOA d’un Conseil de Conformité Central et compléter ainsi l’architecture de la gouvernance charaïque du secteur de la finance islamique.